mercredi 19 juin 2019

En moi ce petit être


Un air de vacances. L'esprit occupé. Poésie presque inaudible dans un four à chaleur tournante. Envie d'exploser en larmes de sang, aussi rouges que les roses épanouies de la rue des fleurs aujourd'hui. Au milieu des cris, un espoir surgit, plus profond et fort que ces dernières 24 images par seconde. Le retour du poignard sera sans appel. Sourire, même le jour déjà révolu de l'apocalypse. L'ennemi debout, je renaitrais. Phoenix. En moi ce petit être est ma potion magique.

Rue des fleurs, Couëron (44)

lundi 25 juin 2018

Lui en jogging

Lui en jogging. Elle en T-shirt.
Les cheveux ébouriffés. Tous les deux.
Presque rien. La ville endormie. Animaux nocturnes.
Il dessine. Elle écrit. Vieux film en noir et blanc
La table envahie, verres, cendriers, disques, vêtements, pizzas
On entend un piano, ou du rock
Une respiration pour deux
Une lampe de chevet
Ils crient sans bruit
Existent à travers l'expression
Il ne retient plus sa main disparue derrière la fumée du joint
Sur le papier, sur sa peau
Elle avec les mots, immobile page blanche
Jusqu'à ce que l'encre coule à flots
Les visages prennent vie, la montagne aussi
Les stylos se vident, l'histoire s'écrit
Le monde enfoui leur explose à la gueule
Brusquement, ils se mettent à vivre
Une passion dévorante et charnelle
Possédés. Qui sont-ils. Par la fenêtre, il fait jour déjà
Les larmes des fantômes hantent nos rêves interdits


Il se réveille dans un souffle, il est seul
La gorge serrée, le vidéo-projecteur en veille
Une étoile filante. Non. Juste les yeux de son chat

juin 2018 - Couëron (44)

Mon seul

Les témoins. D'un temps révolu ou parallèle. Le vent soufflait si fort que j'avais l'impression d'être emporté dans une vague d'écume puissante et foudroyante. Le sable brûlait mes yeux, un sifflement strident faisait exploser mes tympans tels des lames de rasoir tournant à plein régime, je m'enfonçais dans la terre comme surpris par la marée montante régulière et inébranlable, mes vêtements arrachés virevoltaient accrochés aux branches d'un arbre comme les drapeaux d'un naufragé, les yeux encore ouverts je hurlais à Mathias des choses inaudibles. M'entendait-il lui crier d'attraper ma main ? M'entend-il encore aujourd'hui l'implorer de se méfier des apparences, d'écouter son cœur et d'être fort pour nous deux ?

Mathias. Mon frère. Cet autre moi à qui j'ai tout donné. Presque dix ans qu'on ne s'étaient pas vus. Je ne l'ai pas oublié. Il a construit et on s'est éloignés. Sans cesse je repensais à notre enfance et à ce qu'il m'avait appris. Je l'aimais mon ami, mon seul, même si je ne le lui ai jamais dit. On ne parle pas de ces choses-là entre hommes. Et puis je suis devenu fragile et faible, j'ai fais des choix par défaut, pour faire bonne figure, cela ne m'a pas réussi. Je n'aurai jamais osé lui dire. J'ai toujours tenté d'être ce que les autres attendaient de moi et j'ai cru dur comme fer que ça me rendrait heureux. J'ai perdu. Ne fait pas la même erreur que moi mec. Je sais, c'est facile de donner des conseils, plus facile à dire qu'à faire.

Ma mâchoire se déformait d'articuler toujours plus fort pour envoyer mes mots au-delà des nuages de sable et de terre. En vain. Je me sentais faiblir. Quelques sursauts me permettaient une vigueur et des regains de vitalité suffocants. Puis le noir. Je me mis à vomir mes tripes. Mes emmerdes inondèrent mon corps comme on arrose une plante. Bientôt elles remplirent le trou que j'avais mis des années à creuser. Je perdis connaissance. Je laissai ce qui me restait de vie entre les mains de mon ami qui arriverai peut-être à temps. Juste le temps d'entendre autour de moi du tonnerre et des explosions.

Mathias regardait ailleurs. Droit devant la côte sauvage. Ignorant tout de moi. Aucune prémonition. Auprès des siens, la famille qu'il s'était choisie. Son passé, il le portait, mais chaque pas qu'il faisait l'en éloignait un peu plus. Jamais il ne se retournait pour vérifier s'il n'avait pas oublié ou perdu quelque chose. Si c'était le cas, cela devait en être ainsi et la vie à venir n'en serait que plus légère. Il avait gardé des photos de son enfance. J'étais dessus, nous deux jeunes et insouciants, des copains qui devinrent amis à jamais, mais sur les images, aucun signe ne laissait présager la force de notre relation... D'ailleurs, l'a-t-il vécue comme cela lui ? Ou est-ce seulement moi qui l'ait imaginée ?
Mathias était immobile, face à l'océan où des vagues gigantesques venaient se briser sur les falaises qui petit à petit se fondaient dans le crépuscule. Le soleil rougeoyant laissa place à un bleu nuit. Bientôt les étoiles apparurent une à une, Mathias s'amusait à reconnaître les constellations, il aimait par-dessus tout se fondre dans l'immensité de l'univers et rester des heures à le contempler. Quand il était petit, on lui avait raconté que les esprits des gens disparus se transformaient en étoile. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine, car je savais que ce soir il en voyait une de plus que d'habitude.

juin 2018 - Couëron (44)

Jusqu'à renaître


Au travers des embruns, le toucan transparent allume la lumière. Humide et tropicale, la déesse des îles tourne les pages du livre. Poussiéreux et toxique, le monstre du grenier hiberne et ronfle encore. Au-dessus de l'étang, les fantômes planent et diffusent leur fragrance. Tes exigences d'adulte conscient se moquent du luxe parisien. Tu transperces l'ennemi précisément défini sans mascara ni fièvre. Parmi les roseaux, tes erreurs agonisent en hommage aux perdus. Pop rock en noir et blanc, de cuir vieilli au micro tranchant, tu montes le son sur la falaise. Il est loin le temps triste, aujourd'hui l'univers est en expansion. Au-dessus de Nantes, ce soir de fête, les aurores boréales te font signe de danser sans t'arrêter jusqu'à renaissance

19 juin 2018 - Parc du Grand Blottereau Nantes - photo Teddy Wadble

Sauvage et romantique


Glissement de terrain. Inspiration du peintre inscrit dans l'Histoire. Pastel carnivore et corruption attendrie. Approche-toi lentement, je suis ton rêve, ton intérieur coloré au parfum de nénuphar, ton moment à toi derrière la vitre, ton mirage du dimanche avant la pluie torrentielle. Laisse-moi tes larmes, j'en nourris les crocodiles, la forêt vierge et les feuilles de l'été prochain. Semée j'ai été, primitive et insolente, d'une petite main à l'époque innocente. Aujourd'hui je pleure au milieu de l'étang, ma nature perdue et mise à la porte de mes ambitions. Sauvage et romantique, mon pouvoir grandit, imperceptible. Tu m'observe fascinée, dans tes veines coule un murmure végétal. Au loin, à l'ombre d'un arbre centenaire, ton chien machouille quelques brins d'herbe.

18 juin 2018 - Parc du Grand Blottereau Nantes

Dans une coquille


Dans une coquille rouge d'une marque anglaise qui n'existait plus. Orage. Protection. Mirage. Sublimation. Atmosphère onirique en décomposition. Dissolution chimique du temps figé. Trou noir. Images en rappel. Sport extrême de la vie d'avant. Regard en arrière. Relecture du voyage. Avance rapide présent avenir fin recommencement. Dessin au charbon des questions plongées en eau profonde. Brouhaha et agitation sur pellicule périmée. Bulles de savon et de bière. Humanité amère en décoloration. J'ouvre la fenêtre. Air pur et pots d'échappement. J'attends mon frère

10 juin 2018 - Saint Herblain (44)

mardi 27 octobre 2015

La voix des ombres

Le matin du jour qui allait être le dernier de notre existence - du moins l'existence telle que nous la définissions depuis l'aube des temps - tout comme le matin du 11 septembre 2001, débuta par un flash information qui était diffusé en boucle sur toutes les radios et chaînes de télévision, bientôt suivi d'autres nouvelles interventions relatant des événements différents mais tout aussi dramatiques et meurtriers se produisant à travers le monde, et cela jusqu'à l'extinction des feux et de notre espèce. Mais alors que la petite sphère journalistique était en ébullition depuis sept heures du matin et que les lèves-tôt étaient chez eux, au boulot ou au volant de leur voiture, suspendus devant leur écran de télévision et aux enceintes de leur radio, en état d'alerte pour être au fait de la moindre nouvelle information, je ne pris part à la connaissance commune de l'actualité qu'aux environs de neuf heures trente lorsque mon radioréveil m'extirpa avec difficulté de mon sommeil. Au début, tout n'était que voix et charabia incompréhensibles en fond sonore qui s'entremêlaient et interféraient avec le résidu de souvenir d'un rêve qui semblait de plus en plus m'échapper. 
Je restai quelques minutes allongé dans mon lit à me demander si j'allais me lever ou me rendormir lorsque je commençai à comprendre ce dont parlaient à la radio les témoins paniqués interrogés par les journalistes présents sur les lieux de la première catastrophe, première d'une longue liste dont on ne verrait jamais la fin. Il semblait s'agir d'une catastrophe aérienne de grande ampleur.  Les gens parlaient d'un avion de ligne qui venait de s'écraser au cœur d'une ville, d'un bruit infernal d'explosion et de cris ainsi qu'une possible attaque terroriste comme celle du 11 septembre. Je compris que la ville en question était Paris et que le crash avait eu lieu non loin de la Défense. Mais j'ignore encore pourquoi, dès que j'entendis les mots « nouveau 11 septembre », j'éteignis mon réveil et je sautai d'un bond hors de mon lit pour m'habiller et prendre mon petit déjeuner comme à mon habitude. Peut-être était-ce dû au fait que je ne voulais pas retomber dans les travers malsains du voyeurisme de masse que pouvait provoquer le choc de ce genre de nouvelle ; je me rappelais avoir eu en tête les images des deux avions percutant les deux tours jumelles jusqu'à leur effondrement. Ou étaitce en raison du ton des journalistes excités par une telle catastrophe comme en pleine montée d'adrénaline. Une chose était sûre, c'est que je ne m‘étais pas désintéressé de cette horrible catastrophe pour des raisons égoïstes ou par un sentiment de « je-m'en-foutisme ». Mais depuis les attentats de New-York, j'avais cette désagréable sensation que les médias nous métamorphosaient en vautours affamés prêts à fondre sur le moindre reste de cadavre qui n'aurait pas encore été découvert. J'éprouvais une véritable méfiance envers les journalistes et je refusais de céder à la panique ou à l'intérêt qu'ils essayaient de susciter en nous.

Extrait de "La voix des ombres" - Nouvelle et image Teddy Wadble - éditée chez Les Editions Otherlands dans "Créatures des Otherlands" 2014

Europe

Vers le lac Vostok
 
Une vision tout droit sortie des rêves impossibles de l'Homme. Ni un mirage, ni une illusion, la réalité dans toute sa splendeur sidérale. Dans le silence, On entendait battre les cœurs de ces quatre pionniers qui, avant même de fouler la terre, ou plutôt la glace de ce nouveau monde, en avaient déjà trouvé l'or. La géante gazeuse, pourtant encore si petite, avait dans leur regard redevenu enfant, l'attraction et la taille imposante d'un monstre. Ils savaient de par leur formation ce qu'elle avait dans le ventre et ce que cachait le panache de ses couleurs et de ses motifs si envoûtants. Il valait mieux ne pas l'approcher de trop près, même s'ils en mouraient tous d'envie. Cinq cent quatrevingt-huit millions de kilomètres les séparaient de la terre. Le séjour le plus long de toute leur vie. Sept longues années de voyage dans l'espace à la vitesse vertigineuse de dix mille kilomètres heure, six mois passés sur Mars et les voilà maintenant à l'aube de Jupiter et de ses Satellites Galiléens. Mais Jupiter ne serait pas leur destination, pas encore espéraient-ils. Leur terre promise s'appelait « Europe ». Sa deuxième lune la plus proche. Un astre recouvert de glace où se cachait, d'après les dernières données reçues des sondes Europa Clipper, Jupier Ice Moon Orbiter, dit JIMO, ainsi que de la Station Internationale JOVIAN en orbite autour d'Europe, un océan d'environ quatre-vingt-dix kilomètres de profondeur. Cela faisait déjà quatre mois que le Ice Slide avait été envoyé commencer le travail. Il s'agissait d'un robot foreuse équipé d'une Taupe ; un trépan géant chauffé par une pile nucléaire et relié à un câble en acier renforcé de quatre mille mètres, dont la mission était de frayer un couloir jusqu'à l'océan sur le site appelé le Lac de Vostok en hommage au lieu qui avait été choisi pour les premiers essais de forage effectués sur Terre.

« Nous serons en orbite autour d'Europe dans environ six heures, vous pouvez commencer à préparer l'équipement. Désolé pour les interférences, mais elles sont dues à la proximité des radiations et tempêtes joviennes. Bienvenue dans la banlieue galiléenne les gars ! »

Extrait d' "Europe" - Nouvelle fantastique et image Teddy Wadble - 25/10/2015

mardi 12 mai 2015

L'appel anonyme


Margarette Palombe tomba des nues lorsque la sentence, prononcée comme un coup de tonnerre, résonna dans le tribunal. Réclusion à perpétuité. Elle ne pouvait croire en la culpabilité de son fils. Eddy avait certes de nombreux défauts, mais de là à être un meurtrier de sang froid ! Il eut beau crier son innocence, il ne put prouver la théorie du complot qu'il avait choisie pour sa défense. Non seulement il n'avait aucun alibi pour les meurtres, mais l'avocat général avait en sa possession de nombreux éléments à charge : l'arme du crime avec ses empruntes et les témoignages d'un certain nombre d'honnêtes gens qui l'avaient vu sur les lieux des meurtres, ce que même Eddy ne pouvait réfuter. En effet, il s'était bien trouvé à chaque fois sur les lieux et à l'heure des crimes. Le complot était impossible à démontrer. Pourtant, il avait été mis en scène avec une simplicité enfantine par le véritable meurtrier. Eddy n'avait pas été une proie difficile, bien au contraire. Tisser une toile pour une araignée n'a rien de compliqué, c'est inné pour elle. Il suffit à l'araignée de connaître la direction de sa proie et de parier sur sa stupidité pour l'attraper. Eddy était clairement stupide, quant à sa trajectoire, elle n'était pas, pour quelqu'un d'un peu moins idiot que lui, difficile à deviner. Le plus dur, lors des six mois que durèrent le procès, fut d'entendre de la bouche de l'accusation l'ignoble portrait qu'ils avaient fait de lui et qui dès le lendemain, s'était retrouvé aussi bien en première page des journaux qu'au sommaire du journal télévisé. Vieux garçon, alcoolique, pervers et vicieux, frustré sexuellement, avec un passif de petit délinquant sans envergure. Bref, le type même du raté et du psychopathe en puissance. Margarette se disait à chaque fois, en regardant les visages méprisants et parfois grimaçants du jury : « Non, n'écoutez pas ces mensonges, ce n'est pas mon fils » avec l'espoir qu'ils la regardent et voient dans ses yeux toute la vérité sur son fils. Car elle seule le connaissait. Elle seule l'avait élevé. Tout n'avait pas été rose. Tout n'avait pas été parfait. Malgré tout, il y avait eu de l'amour, et jamais son fils n'aurait pu commettre de telles atrocités. Mais aucun d'entre eux ne la prêta attention; leurs visages se firent de plus en plus sévères. Quand Margarette vit le président du jury se lever droit comme un soldat, elle se crut elle-même résignée à la sentence qui attendait son fils. Au son de la voix qui prononça haut et clair le verdict implacable avec la satisfaction de la justice rendue, elle comprit avec effroi à quel point elle avait encore eu l'espoir qu'il soit innocenté. Elle s'effondra en larmes et ne put lever les yeux sur son fils, menotté et escorté par des agents de police, quittant le palais. 

Extrait de "L'appel anonyme" - Nouvelle fantastique et image Teddy Wadble - 2 mai 2015

mercredi 4 mars 2015

I don't care


This is a man's world

I'm small
I'm alone
I'm white
I'm tired
I'm old
I'm dirty
I'm sick
I'm ignorant

I want to cry
I want to swear
I want to fight
I want to fly
I want to articulate
Listen to me

I doesn't exist
I doesn't exist
I doesn't exist
I'm not there
I'm nobody

I want to burn
I want to destroy
I want to go out
I want to tear
I want to break

Christine and the Queens / James Brown / Sia / Fight Club / Birdman / Me
I dance in the middle of the buildings which collapse in slow motion
It's beautiful

What is the suite if there is one ?

Fuck you

I am an artist
I have powers
You are right to be afraid

Texte Irène - 5/03/2015 - Photo film Emma Stone dans "Birdman"

vendredi 11 juillet 2014

Ballade perdue

C'est l'histoire d'une petite aventure d'un soir
Dans une vie triste et sans espoir
Une utopie née dans le brouillard
Une allumette craquée dans le noir

Une étincelle a surgi de mon ennui
Réveillé mon coeur et donné un sens à ma vie
Une ritournelle chantée jusqu'au bout de la nuit
Un rêve éternel qui jamais ne se finit

J'ai voulu y croire
J'étais jeune et innocent
J'ai voulu y croire / J'y ai cru
J'étais seul et impatient

Emporté dans un tourbillon de volupté
Sans réfléchir ni discuter
J'ai pris le large pensant me sauver
J'ai su trop tard qu'elle s'en était allée

Gracieuse et belle elle m'a tout expliqué
Chercher à se comprendre et ne pas se dépêcher
Si sensuelle elle rêvait de fidélité
J'aurais dû savoir qu'une femme doit respirer

J'ai voulu y croire
J'étais jeune et innocent
J'ai voulu y croire / J'y ai cru
J'étais seul et impatient

C'est ainsi que déçue elle m'a dit merci
En m'embrassant elle a souri
M'a regardé en sautant du lit
Pris ses affaires finalement elle est partie

J'ai crié prié frappé supplié
Malheureux j'ai senti une douleur me transpercer
D'idées noires et de larmes inondé
J'ai enfin pu m'ouvrir et réussir à m'apaiser

Je saurai la voir
Ma chance je la saisirai
Je saurai la voir / Je l'ai vue
Cette fois je l'inviterai

Chanson - paroles Irène, air guitare et chant Christophe B, juillet 2014

lundi 30 juin 2014

Mon heure est venue


Immobile - la gueule ouverte - les cris s'intensifient, rugissent, saturent, se transforment, explosent les alentours, imposent le respect - à genoux, prière et soumission - que pouvions-nous faire d'autre - il a baissé les yeux vers moi, et j'ai su qu'il m'invitait - à reculons j'étais figée - j'avançais, le pas léger et les cheveux au vent - ralenti rock - ballade de Patti Smith - noir et blanc - Woodstock dans la brousse - juste avant la fin - insouciance du dernier instant - parfum d'un commencement - en haut de la falaise, j'ai ouvert les bras - le signe des cris de joie - communion du peuple face aux éléments et face à l'homme qui détruit - comme une enfant qui se blottit dans les bras d'un gros chat, rassurée - j'ose regarder devant et faire voler ma robe - magistrale et puissante, je suis la lionne de ce tourbillon -  de pollution est embuée la ville - je suis en cage mais pas pour longtemps - l'appel de la vie est à ma porte, je ne laisserai aucune chance aux imbéciles - dégagez le passage, la patronne a rendez-vous

Photo Nick Brandt, texte Irène, juin 2014

Toute une génération




Pleine nuit - sourdine - lumière obscure et angle mort - que cherches-tu - enfermée - se cache pour vomir - ne compte pas les heures et regarde le temps passer - trace ta route au delà de l'océan - l'amour n'a pas d'âge et la vie sans cordage - que vois-tu maintenant - que je suis parti - insalubre - court dans la rosée du matin - chante à tue-tête et répond aux loups - va ton chemin parmi les machines - le ciel te protège et la mort est trop faible - pour nous dicter sa loi - que sens-tu - doux et chaud autour de toi - croissant de lune - dans nos bras

Photos et texte Irène, Nantes, juin 2014

lundi 23 juin 2014

Le soleil qui descend dans la pièce


Le monde est arrêté. Silence. Je baisse les yeux. Fumée. Point. A la ligne. Je ne sais pas écrire. J'ai tout perdu. Vide. Par la fenêtre je cherche un ciel. Déformée. Je ne peux regarder. Eblouie. Je casse les meubles. Perdue. Je répète. Rire. Je veux danser. Blessée. Embrasser l'éternité. Bleutée. Je referme mes bras. Sur moi. Ralenti. Oubli. Des rimes pauvres. Résonnent. Je ne supporte plus. Le pouvoir me bouffe. Détruit l'ennui donne un but mais je crache dessus. La lumière est toujours aussi intense. Fascine. Le jour perce les vitres et repousse les limites. Je suis enfermée. Quand je rêve très fort. Dynamite. Les murs de ma chambre s'écroulent et je vois enfin les fleurs. Le poids de mes erreurs manque de me tuer mais je trouve les armes et je cours vers l'avenir. Bombe. Le soleil se couche et le temps s'accélère. Terreur. J'ai du mal à respirer la nuit. Réfléchis. Les éclairs me réveillent. Cauchemars. Mon père me tient la main il est en moi. Miroir. Je sens mon coeur qui bat. Encore. Et je sors de mon lit et je vis et je parle et je chante et je crie dans la nuit qui maintenant s'est enfuie je n'ai plus peur je suis forte il est 4 heures du matin je ne suis pas essouflée prête à gagner du terrain sans attendre je suis de nouveau habitée de ce feu. Point. La terre m'appartient. Vrai. Je lève les yeux. Immobile. Je suis fière de ce que je vois devant moi. Fumée. A lire très vite je ne sais pas ce que je dis. Le monde est à mes pieds cette image me plaît. Action

Texte et photo Irène, 21h chez nous à Nantes, juin 2014

Libère-toi avant que je ne te trouve



Face au vent il fait chaud nos pensées sont en vrac et nos mots décousus nous marchons vers la mer sans savoir la couleur de nos lendemains mais nous sommes invincibles nous pouvons voir à l'infini nos yeux sont mouillés et nos coeurs dévastés mais je vis quand sa main prend la mienne je souris en regardant la caméra qui me fixe observe ma vie d'en haut d'en bas tout autour automatique et mécanique elle veut cerner mes humeurs mes envies mes douleurs et mes failles et trouver à chaque fois le produit qui soignera ma détresse mais nous sommes hors-jeu libres et dégagées des contraintes fuck la crise car je l'aime et ma main ensanglantée dans ton sommeil t'étrangle fermement et tes rêves sont longs illuminés et humains je suis rassurée et disparais heureuse dans ma vie que personne ne connaît sauf facebook

Texte Irène, Photographies Teddy Wadble, Saint Nic, Finistère, juin 2014

dimanche 20 avril 2014

Voie C





Cyrielle - Cannes - Concours - Combat 

Photos Irène, Gare de Nantes, 3 avril 2014

mercredi 9 avril 2014

Email diamant


Salut toi. Prend-moi. Jette-moi. Frappe-moi calme-toi. Fous-là ta gifle et disparaît. Réfléchis deux minutes à ta connerie et rend-toi compte que c'est trop tard. Comprend que t'a plus qu'à ramasser tes putains d'affaires et à retourner chez ta maman, la seule qui t'ai jamais aimé, comme tu l'a si souvent répété.

Recommence pas. Ton cinéma d'horreur je crois que j'ai mieux à faire. J'étais venu discuter, parler, et plus si affinités, tu sais ce que ça veut dire ? Et je te vois là, dans un état, ça me revient pas. Habille-toi, lave tes cheveux, mange quelque chose, je sais pas moi. J'aime pas te voir comme ça.

T'aimes pas ? Je sais ce que t'aimes pas, ça je le sais mais qu'est ce que t'aimes, tu le sais au moins ? C'est facile de dire j'aime pas ci, j'aime pas ça, j'aime pas quand tu te laisses aller, mais je t'ai rien demandé moi. Je t'ai pas demandé de rentrer dans ma vie. J'ai pas besoin de toi. Fous-moi la paix.

Je te laisserai pas. C'est trop tard, tu l'as dit. Je suis attaché à toi maintenant, c'est comme ça. Dis ce que tu veux, fais ce que tu veux, mais pas sans moi. Je vais pas te gifler. Tu délires. C'est pas ta faute. T'as pas eu une vie facile. Mais je suis là maintenant, t'inquiète pas. On va s'en sortir.

Seule c'était déjà dur. J'ai tellement honte. Je veux pas t'infliger ça. Cette misère. Tu mérites mieux. Mais je peux rien t'offrir de plus. Tu es tout ce que j'ai. Je suis une âme vide, nue, sans avenir. Tu te condamnes en restant ici. Je t'en prie, va-t-en. Dans un monde meilleur, car il y en aura un pour toi.

Je l'ai découvert avec toi. Dors.

Photo et texte Irène, Nantes, avril 2014

mardi 1 avril 2014

Edgar et les cancrelats


Tout le monde garde en mémoire, bien caché dans un coin obscur de son esprit, un individu rencontré au hasard d'une vie, qui pourtant ne mériterait aucunement qu'on s'en souvienne. L'ombre d'un personnage étrange faisant partie de cette rare catégorie de personnes qui caractérise à elle seule tout ce que l'on considère de rebutant, d'abject et de méprisant dans le genre humain. Sale, laid, vulgaire, malhonnête, lâche et paresseux. Edgar Troyen était de ceux-là. Un monstre d'égoïsme et de suffisance, une chimère de vices et de travers, une bête de foire grotesque et méchante. Mais se considérant comme un être humain à part entière malgré l'avis contraire d'un certain nombre de ses voisins et concitoyens qui ne voyaient en lui qu'une grossière caricature, il exigeait d'autrui le respect et la dignité dus à sa personne, alors qu'il n'en éprouvait nullement pour quiconque, y compris pour lui-même, étant aussi négligeant sur son hygiène et son aspect qu’envers sa conscience et son karma.
Edgar vivait dans un deux pièces vétuste d'à peine quarante mètres carrés au troisième étage d'un immeuble en délabrement datant des années trente : un vestige estropié de la guerre, tombé en désuétude et mourant au cœur d'un vieux quartier populaire à l'abandon qui sombrait lui aussi en décrépitude. Alors que pour la plupart des gens cet endroit s’apparenterait à l'enfer, pour Edgar c'était le jardin d'éden. La petit rue pavée au pied de son immeuble était pour lui la route du paradis, ou pour être plus juste, des paradis. Il y trouvait tout le sel et le piment dont il avait besoin pour assaisonner son existence. Un resto rapide qui faisait kebabs et hamburgers, une pizzéria bon marché qui le livrait à domicile quand il avait la flemme se sortir de chez lui, des bars de nuit où il avait ses habitudes, une épicerie qui ouvrait jusque très tard dans la nuit, un sex-shop qui faisait aussi cinéma porno et enfin lorsque minuit passait, quelques prostitués à bas prix qui arpentaient les trottoirs en quête de clients peu regardants sur leur santé. 
Célibataire endurci, sans enfants, sans emploi et bénéficiaire à temps plein de la ressource de solidarité active et d'aides sociales en tout genre, il menait ce qu'il appelait la belle vie et n'avait aucunement l'intention de renoncer à tout ça. 

Extrait de "Edgar et les cancrelats" chapitre 1, Nouvelle fantastique et image Teddy Wadble, 31 mars 2014