lundi 30 juin 2014

Mon heure est venue


Immobile - la gueule ouverte - les cris s'intensifient, rugissent, saturent, se transforment, explosent les alentours, imposent le respect - à genoux, prière et soumission - que pouvions-nous faire d'autre - il a baissé les yeux vers moi, et j'ai su qu'il m'invitait - à reculons j'étais figée - j'avançais, le pas léger et les cheveux au vent - ralenti rock - ballade de Patti Smith - noir et blanc - Woodstock dans la brousse - juste avant la fin - insouciance du dernier instant - parfum d'un commencement - en haut de la falaise, j'ai ouvert les bras - le signe des cris de joie - communion du peuple face aux éléments et face à l'homme qui détruit - comme une enfant qui se blottit dans les bras d'un gros chat, rassurée - j'ose regarder devant et faire voler ma robe - magistrale et puissante, je suis la lionne de ce tourbillon -  de pollution est embuée la ville - je suis en cage mais pas pour longtemps - l'appel de la vie est à ma porte, je ne laisserai aucune chance aux imbéciles - dégagez le passage, la patronne a rendez-vous

Photo Nick Brandt, texte Irène, juin 2014

Toute une génération




Pleine nuit - sourdine - lumière obscure et angle mort - que cherches-tu - enfermée - se cache pour vomir - ne compte pas les heures et regarde le temps passer - trace ta route au delà de l'océan - l'amour n'a pas d'âge et la vie sans cordage - que vois-tu maintenant - que je suis parti - insalubre - court dans la rosée du matin - chante à tue-tête et répond aux loups - va ton chemin parmi les machines - le ciel te protège et la mort est trop faible - pour nous dicter sa loi - que sens-tu - doux et chaud autour de toi - croissant de lune - dans nos bras

Photos et texte Irène, Nantes, juin 2014

lundi 23 juin 2014

Le soleil qui descend dans la pièce


Le monde est arrêté. Silence. Je baisse les yeux. Fumée. Point. A la ligne. Je ne sais pas écrire. J'ai tout perdu. Vide. Par la fenêtre je cherche un ciel. Déformée. Je ne peux regarder. Eblouie. Je casse les meubles. Perdue. Je répète. Rire. Je veux danser. Blessée. Embrasser l'éternité. Bleutée. Je referme mes bras. Sur moi. Ralenti. Oubli. Des rimes pauvres. Résonnent. Je ne supporte plus. Le pouvoir me bouffe. Détruit l'ennui donne un but mais je crache dessus. La lumière est toujours aussi intense. Fascine. Le jour perce les vitres et repousse les limites. Je suis enfermée. Quand je rêve très fort. Dynamite. Les murs de ma chambre s'écroulent et je vois enfin les fleurs. Le poids de mes erreurs manque de me tuer mais je trouve les armes et je cours vers l'avenir. Bombe. Le soleil se couche et le temps s'accélère. Terreur. J'ai du mal à respirer la nuit. Réfléchis. Les éclairs me réveillent. Cauchemars. Mon père me tient la main il est en moi. Miroir. Je sens mon coeur qui bat. Encore. Et je sors de mon lit et je vis et je parle et je chante et je crie dans la nuit qui maintenant s'est enfuie je n'ai plus peur je suis forte il est 4 heures du matin je ne suis pas essouflée prête à gagner du terrain sans attendre je suis de nouveau habitée de ce feu. Point. La terre m'appartient. Vrai. Je lève les yeux. Immobile. Je suis fière de ce que je vois devant moi. Fumée. A lire très vite je ne sais pas ce que je dis. Le monde est à mes pieds cette image me plaît. Action

Texte et photo Irène, 21h chez nous à Nantes, juin 2014

Libère-toi avant que je ne te trouve



Face au vent il fait chaud nos pensées sont en vrac et nos mots décousus nous marchons vers la mer sans savoir la couleur de nos lendemains mais nous sommes invincibles nous pouvons voir à l'infini nos yeux sont mouillés et nos coeurs dévastés mais je vis quand sa main prend la mienne je souris en regardant la caméra qui me fixe observe ma vie d'en haut d'en bas tout autour automatique et mécanique elle veut cerner mes humeurs mes envies mes douleurs et mes failles et trouver à chaque fois le produit qui soignera ma détresse mais nous sommes hors-jeu libres et dégagées des contraintes fuck la crise car je l'aime et ma main ensanglantée dans ton sommeil t'étrangle fermement et tes rêves sont longs illuminés et humains je suis rassurée et disparais heureuse dans ma vie que personne ne connaît sauf facebook

Texte Irène, Photographies Teddy Wadble, Saint Nic, Finistère, juin 2014