dimanche 20 avril 2014

Voie C





Cyrielle - Cannes - Concours - Combat 

Photos Irène, Gare de Nantes, 3 avril 2014

mercredi 9 avril 2014

Email diamant


Salut toi. Prend-moi. Jette-moi. Frappe-moi calme-toi. Fous-là ta gifle et disparaît. Réfléchis deux minutes à ta connerie et rend-toi compte que c'est trop tard. Comprend que t'a plus qu'à ramasser tes putains d'affaires et à retourner chez ta maman, la seule qui t'ai jamais aimé, comme tu l'a si souvent répété.

Recommence pas. Ton cinéma d'horreur je crois que j'ai mieux à faire. J'étais venu discuter, parler, et plus si affinités, tu sais ce que ça veut dire ? Et je te vois là, dans un état, ça me revient pas. Habille-toi, lave tes cheveux, mange quelque chose, je sais pas moi. J'aime pas te voir comme ça.

T'aimes pas ? Je sais ce que t'aimes pas, ça je le sais mais qu'est ce que t'aimes, tu le sais au moins ? C'est facile de dire j'aime pas ci, j'aime pas ça, j'aime pas quand tu te laisses aller, mais je t'ai rien demandé moi. Je t'ai pas demandé de rentrer dans ma vie. J'ai pas besoin de toi. Fous-moi la paix.

Je te laisserai pas. C'est trop tard, tu l'as dit. Je suis attaché à toi maintenant, c'est comme ça. Dis ce que tu veux, fais ce que tu veux, mais pas sans moi. Je vais pas te gifler. Tu délires. C'est pas ta faute. T'as pas eu une vie facile. Mais je suis là maintenant, t'inquiète pas. On va s'en sortir.

Seule c'était déjà dur. J'ai tellement honte. Je veux pas t'infliger ça. Cette misère. Tu mérites mieux. Mais je peux rien t'offrir de plus. Tu es tout ce que j'ai. Je suis une âme vide, nue, sans avenir. Tu te condamnes en restant ici. Je t'en prie, va-t-en. Dans un monde meilleur, car il y en aura un pour toi.

Je l'ai découvert avec toi. Dors.

Photo et texte Irène, Nantes, avril 2014

mardi 1 avril 2014

Edgar et les cancrelats


Tout le monde garde en mémoire, bien caché dans un coin obscur de son esprit, un individu rencontré au hasard d'une vie, qui pourtant ne mériterait aucunement qu'on s'en souvienne. L'ombre d'un personnage étrange faisant partie de cette rare catégorie de personnes qui caractérise à elle seule tout ce que l'on considère de rebutant, d'abject et de méprisant dans le genre humain. Sale, laid, vulgaire, malhonnête, lâche et paresseux. Edgar Troyen était de ceux-là. Un monstre d'égoïsme et de suffisance, une chimère de vices et de travers, une bête de foire grotesque et méchante. Mais se considérant comme un être humain à part entière malgré l'avis contraire d'un certain nombre de ses voisins et concitoyens qui ne voyaient en lui qu'une grossière caricature, il exigeait d'autrui le respect et la dignité dus à sa personne, alors qu'il n'en éprouvait nullement pour quiconque, y compris pour lui-même, étant aussi négligeant sur son hygiène et son aspect qu’envers sa conscience et son karma.
Edgar vivait dans un deux pièces vétuste d'à peine quarante mètres carrés au troisième étage d'un immeuble en délabrement datant des années trente : un vestige estropié de la guerre, tombé en désuétude et mourant au cœur d'un vieux quartier populaire à l'abandon qui sombrait lui aussi en décrépitude. Alors que pour la plupart des gens cet endroit s’apparenterait à l'enfer, pour Edgar c'était le jardin d'éden. La petit rue pavée au pied de son immeuble était pour lui la route du paradis, ou pour être plus juste, des paradis. Il y trouvait tout le sel et le piment dont il avait besoin pour assaisonner son existence. Un resto rapide qui faisait kebabs et hamburgers, une pizzéria bon marché qui le livrait à domicile quand il avait la flemme se sortir de chez lui, des bars de nuit où il avait ses habitudes, une épicerie qui ouvrait jusque très tard dans la nuit, un sex-shop qui faisait aussi cinéma porno et enfin lorsque minuit passait, quelques prostitués à bas prix qui arpentaient les trottoirs en quête de clients peu regardants sur leur santé. 
Célibataire endurci, sans enfants, sans emploi et bénéficiaire à temps plein de la ressource de solidarité active et d'aides sociales en tout genre, il menait ce qu'il appelait la belle vie et n'avait aucunement l'intention de renoncer à tout ça. 

Extrait de "Edgar et les cancrelats" chapitre 1, Nouvelle fantastique et image Teddy Wadble, 31 mars 2014