dimanche 6 décembre 2009

Chez lisa




Photos Irène Letellier, chez Lisa Delgado à Fontainebleau (77 Seine-et-marne), 1er décembre 2009.

Ecoutez Thomas Bernhard

Ce qu'écrivent les écrivains
n'est bien sûr pas contre la réalité
oui oui ils écrivent bien sûr
que tout est épouvantable
que tout est corrompu et déchu
que tout est catastrophique
et que tout est sans issue
mais tout ce qu'ils écrivent
n'est rien contre la réalité
la réalité est si mauvaise
qu'elle ne peut pas être décrite
aucun écrivain n'a déjà décrit la réalité
comme est l'est vraiment
c'est ce qui est épouvantable.

Texte de Thomas Bernhard, 1988.

lundi 26 octobre 2009

Dans la brume apparente


Photos Irène Letellier, Port-launay (29), octobre 2009.

Minuit par hasard







Photos Teddy Wadble et Irène Letellier, Châteaulin (29), 25 octobre 2009.

mercredi 7 octobre 2009

Parce que l'actrice

Tant et si bien que pour lui plaire, en maquillant ses idéaux de trop de poudre et de couleurs, elle en écarte sa douleur qui s'assombrit au fond du cœur. Elle se distingue comme elle se veut, elle s'illumine de compliments, aux yeux de tous elle se défile, et consciemment perd sa jeunesse. Chaque raideur est une faiblesse, chaque silence appelle au secours, mais quand on rêve on l'apprécie parce que l'actrice est éternelle.

Cyrielle Le Coadic, photo et texte irène, Rennes (35), octobre 2009.

mardi 6 octobre 2009

Roscoff - Les Nocturnes


Trois passants retournaient au lieu de leur errance
Enfance désespérée de trop de négligence
Et l'adulte en sourdine allume une bougie.
Attendre toujours la nuit pour détourner l'absence
Parer les rues désertes de grâce et de bijoux
Chaque lueur fictive nous ramène à la vie
Car l'imagination va plus loin que l'image
Et s'amuse d'un rien qui apparaît sublime.
Tout entier dans l'instant l'homme oublie de penser
Tremblant devant l'orage ému d'une harmonie
Dans l'océan de froid de bleu et de lucioles
Sous les coupoles déesses reines de nos vœux intimes
Un soupçon de tendresse sur des jeunes mains timides
Fait éclater la foudre dans un feu d'artifice.
C'est depuis ce temps-là que les guirlandes poussent
Font la course à Roscoff le long des cheminées
Se croisent ricochent et goûtent les regards étonnés
Des passants qui les voient allumées toute l'année.

Roscoff (29), Septembre 2009.

vendredi 18 septembre 2009

Les promeneurs secrets

"Il y a toujours un coin de paradis
Sur notre boule terrestre
La Bretagne en a gobé une bonne partie" disait un jour Georges Perros.

Dans la fine brise d'été
Dans un lieu doux silencieux
Pour les promeneurs secrets
Inconnu des travailleurs derrière la rue des dimanches
Derrière la curiosité quand le soleil redescend
Les yeux humbles et mystérieux ont droit d'aller visiter.

Douarnenez (29), septembre 2009.

Face au masque



Devant
Maintenant
Clic clac
D'un geste
D'un choix
D'un vœu
D'un signe
D'une pause
D'une seconde
D'un coup de vent d'un firmament d'indécent d'inconscient
Elle accepte elle récite elle respire elle regarde elle visite elle maquille elle calcule elle sourit elle emporte elle parfume elle obéit elle elle elle toujours elle
Rien qu'elle
Seulement elle
Pire qu'elle
Sans aile
Elle espère elle se perd elle repère
Elle digère elle défait ses menottes
Elle ouvre les yeux elle lève la tête
Elle ouvre la porte et elle sort du cadre
Elle est déjà loin elle a disparu...

Bientôt dans des siècles sous les feux furieux
Accoudée au bras de son amoureux
Majestueuse et pâle comme une immortelle
Ne vous retournez pas l'ombre suffira.

Photos Agnès Simonel, texte Irène, Saint-Segal (29), Septembre 2009.

lundi 14 septembre 2009

Splendeur nulle part ailleurs



L'habitude une grande sourdine disait Samuel Beckett
La Bretagne une terre lointaine s'imaginent les étrangers
Comme une caresse effleurée inatteignable et fragile
Qu'on aperçoit dans les livres qu'on devine majestueuse
Dangereuse et capricieuse comme une jeune fille sauvage
Nous appelle ses enfants en riant de nos soucis.
Foulée de milliers de pas jaloux d'immortalité
De grande sérénité qu'on voudrait tout embrasser
Elle observe sans sourciller les humains qui se débattent.
Dans un filet sans canevas dont les mailles n'existent pas
Dans une ouverture sans fond dans une vie sans nourriture
Les hommes qui jouent à cache-cache se perdent et ne se trouvent plus.
Les années passent en courant sans jamais se faire attraper
Voilà ce que c'est que le temps quand on joue comme des enfants.
Malgré tous les tourbillons, les fantaisies insolentes
Les hommes s'enivrant de chants, de vin et de mots savants,
Les Montagnes Noires se marrent face à cette fourmilière
Qui veut sortir de l'enfer creusant pour une pépite d'or
Qu'il ne voit pas à ses pieds.


A la lueur du Big Bang au lendemain de la guerre
La veille du recommencement et de tout ce qu'on espère
Dans les embruns nuageux du doute frêle et contagieux
Je prends ta main dans la mienne à travers les Monts d'Arrée
Au crépuscule du devoir sur la route des sommets.
Les rochers désordonnés comme un art qu'on ne peut nier
Depuis toujours ils rappellent La Ballade des gens heureux.

Les Monts d'Arrée, Bretagne, 6 septembre 2009.

dimanche 13 septembre 2009

Relief de la fin d'été



Août 2009, Port-Louis (56).

La répétition

















Stage "En attendant Godot" de Samuel Beckett, avec Théâtre A, Août 2009, Port-Louis (56).

vendredi 16 janvier 2009

Impression d'automne


Automne ou hiver
Paradis ou propriété
Je vous avouerai non sans une fierté
Que c'est mon jardin que vous y voyez
Décembre entammé par le gel fixant
Les arbres immobiles majestueux reptiles en attente du temps
Par l'heure avancée de journée chargée
Femme à la fenêtre écoutant la foule
Harmonie spectacle rouge et vert et blanc
Sur fond rose pastel on croirait rêver.
L'enclos est à nous, les granges outillées, matériel rangé
Eux dans leur espace, nous derrière la vitre
Leur vie est ici et par tous les temps, la nôtre en suspend électricité s'agitant.
Un tableau parfait d'un équilibre impressionnant
La nature surprend quand on se recule.
Ici c'est chez moi, l'été j'y dessine, souvent j'y réfléchis
Mais chaque fois que j'arrive, je n'en crois pas mes yeux
Comme un héritier devant l'adolescence du jardin.

Photos Agnès Simonel, 2008, Saint Segal (29). Le jardin de la famille Letellier.

Graffiti

Ma joue est éraflée, comment s'en sortir ? Mes pas sont nettoyés, qui les a effacés ? Mes souvenirs embrouillés, question d'organisation ? Un parcours en friche, une esquisse de couleur, rapport à la perte ? Vernis écaillé, parfum éparpillé, suis-je enfin arrivée ? Si la porte s'ouvre, une fausse poignée de mains, je vous en prie entrez, je rebrousse chemin, j'irai m'entasser même si c'est pas chauffé. Une vague bleu blanc rouge, symbole établi, voilà ce que j'en fais de ton rêve de vie. Signe-toi chéri si tu es un homme. Bombe entre nos mains, jouons à la marelle. Quand nous serons grands, nous peindrons nos clans. Sur les mains ou dans le corps le sang qu'est ce que ça change ? J'ai les cheveux coupés, les habits déchirés, inutilisable, certes inqualifiable, mon coeur est vivant même si ça ne se voit pas.
Un ciel d'un seul trait, étoile respirante, sur les murs de Brest, rade désaffectée. Palais oublié, grange brutalement sourde, quand on s'y promène on lit des histoires. Quoi qu'on puisse en dire, passée la soirée, ci-gît au goudron les derniers rayons de soleil.

Photo Agnès Simonel, 2008, Brest (29).

Ascension


Etourdissante Bretagne comme un accélérateur de particules
Fatiguante solitude du déserteur affamé
Pourquoi chercher courir la lande
Quand en chemin mainte fois piétiné
Surgit le phare et l'escalier
On s'agglutine on se précipite
Gracieux géant surplombant les terres
Arride de pleurs de déceptions
Avide de peurs et d'insatisfactions
Un grand sourire encourageant
De marbre de marches entourées d'eau
Innombrables énumérées franchissables et indestructibles
Tout le mystère reste entier quand on ose la tête en haut
Magnifiques sous le cliché
Posons le pied sur l'escalier.

Photos Agnès Simonel, 2008, Bretagne.